Lièvre et la Tortue (Le)


Recueil : I parution en 1668.
Livre : VI
Fable : X composée de 35 vers.

La Fontaine
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Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi ce but. - Sitôt ? Etes-vous sage ?
Repartit l'animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d'ellébore.
- Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ;
J'entends de ceux qu'il fait lorsque prêt d'être atteint
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D'où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s'évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu'il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s'amuse à toute autre chose
Qu'à la gageure. A la fin quand il vit
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?
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Source Esope, La tortue et le Lièvre.

Remarque :
Un lièvre se moquait des jambes d'une tortue Celle-ci se mit à rire et lui dit :
- Moi, je te surpasserai de vitesse à la course.
Le lièvre affirma que c'était impossible.
- Cependant, dit-il, rivalise avec moi et tu sauras ce que valent mes pieds.
- Mais qui nous fixera le but, siffla la tortue,et nous attribuera le prix de la victoire ?
Alors le plus sensé des animaux, le renard, marqua le point de départ et le point d'arrivée, en même temps qu'il indiqua la longueur de la course. La tortue, sans tarder, se mit en route aussitôt et arriva au terme. Le lièvre, confiant dans sa vitesse, s 'endormit. Puis s'étant relevé, il arriva d'un trait à la borne mais il trouva la tortue endormie.

Cette fable montre que beaucoup d'hommes, heureusement pourvus par la nature, se perdent par la mollesse et la négligence, que beaucoup, par leur application et leur effort, triomphent de leurs défauts naturels. (Esope)
Images

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Lièvre et la Tortue (Le)
Cécile

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Lièvre et la Tortue (Le)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)
EsopeLièvre et de la Tortue. (Du)


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FableLe Lièvre considérant la Tortue qui marchait d'un pas tardif, et qui ne se traînait qu'avec peine, se mit à se moquer d'elle et de sa lenteur. La Tortue n'entendit point raillerie, et lui dit d'un ton aigre, qu'elle le défiait, et qu'elle le vaincrait à la course, quoiqu'il se vantât fièrement de sa légèreté. Le Lièvre accepta le défi. Ils convinrent ensemble du lieu où ils devaient courir, et du terme de leur course. Le Renard fut choisi par les deux parties pour juger ce différend. La Tortue se mit en chemin, et le Lièvre à dormir, croyant avoir toujours du temps de reste pour atteindre la Tortue, et pour arriver au but avant elle. Mais enfin elle se rendit au but avant que le Lièvre fut éveillé. Sa nonchalance l'exposa aux railleries des autres Animaux. Le Renard, en Juge équitable, donna le prix de la course à la Tortue.

SensFable non commentée.