Aigle et du Corbeau. (De l')


Esope


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Fable Un Aigle venant à fondre du haut des airs sur un Mouton, l'enleva. Un Corbeau qui le vit crut en pouvoir faire autant, et volant sur le dos d'un Mouton, il fit tous ses efforts pour l'emporter, comme l'Aigle avait fait ; mais ses efforts furent inutiles, et il s'embarrassa tellement les pieds dans la laine du Mouton, qu'il ne put jamais se dégager ; de sorte que le Berger survenant, prit le Corbeau et le donna à ses enfants pour les amuser, et pour leur servir de jouet.

Sens Il ne faut point estimer selon la vertu d'autrui: mais selon la sienne propre. Qu'un chacun se mesure selon son pied. Que chacun vueille et entreprenne ce qu'il pourra.
La Fontaine
Corbeau voulant imiter l'Aigle (Le)
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L'Oiseau de Jupiter enlevant un mouton,
Un Corbeau témoin de l'affaire,
Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton,
En voulut sur l'heure autant faire.
Il tourne à l'entour du troupeau,
Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau,
Un vrai Mouton de sacrifice :
On l'avait réservé pour la bouche des Dieux.
Gaillard Corbeau disait, en le couvant des yeux :
Je ne sais qui fut ta nourrice ;
Mais ton corps me paraît en merveilleux état :
Tu me serviras de pâture.
Sur l'animal bêlant à ces mots il s'abat.
La Moutonnière créature
Pesait plus qu'un fromage, outre que sa toison
Etait d'une épaisseur extrême,
Et mêlée à peu près de la même façon
Que la barbe de Polyphème.
Elle empêtra si bien les serres du Corbeau
Que le pauvre animal ne put faire retraite.
Le Berger vient, le prend, l'encage bien et beau,
Le donne à ses enfants pour servir d'amusette.
Il faut se mesurer, la conséquence est nette :
Mal prend aux Volereaux de faire les Voleurs.
L'exemple est un dangereux leurre :
Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands Seigneurs ;
Où la Guêpe a passé, le Moucheron demeure.
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