Chêne et le Roseau (Le)


Recueil : I parution en 1668.
Livre : I
Fable : XXII composée de 32 vers.

La Fontaine
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Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
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Source Esope, De l'Arbre et du Roseau. - Avianus, Le chêne et le roseau.

Remarque :
Le roseau et l'olivier se querellaient au sujet de leur résistance, de leur force et de la tranquillité de leur vie. Comme l'olivier invectivait le roseau, lui reprochant d'être faible et de céder facilement à tous les vents, celui-ci resta sans mot dire. Il n'attendit pas longtemps. Un vent violent ayant soufflé, le roseau qui était secoué et ployait sous la tempête, se tira d'affaire facilement. L'olivier, au contraire, qui s'était raidi contre le vent, fut brisé brutalement. Cette fable signifie que ceux qui ne résistent pas aux circonstances et aux puissants sont dans une condition meilleure que ceux qui entrent en lutte contre les forts. (Esope).
Images

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Chêne et le Roseau (Le)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)

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Chêne et le Roseau (Le)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)

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Chêne et le Roseau (Le)
Jean-Baptiste Oudry
Peintre et graveur français (1686 -1755)

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Chêne et le Roseau (Le)
Cécile

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Chêne et le Roseau (Le)


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Chêne et le Roseau (Le)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)
EsopeArbre et du Roseau. (De l')


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FableUn Olivier et un Roseau disputaient ensemble sur leur force et sur leur fermeté. L'Olivier reprochait au Roseau sa fragilité, qui l'obligeait de plier au moindre vent. Le Roseau ne trouvant point de bonnes raisons pour lui répliquer, garda le silence ; mais ayant attendu quelque temps sans rien dire, un vent violent vint à souffler tout à coup. Le Roseau agité par le vent, plia, et n'en fut point incommodé ; mais l'Olivier ayant voulu résister à l'orage, fut emporté et déraciné par la violence du tourbillon. Alors le Roseau prenant son temps pour parler, dit à l'Olivier qui était par terre : " Tu vois bien qu'il est plus à propos de céder à un ennemi puissant, que de lui résister avec une témérité qui a toujours de mauvaises suites. "

SensPlus sages sont ceux qui pour quelques temps font place aux plus forts, que ceux qui veulent resister.