Belette entrée dans un grenier (La)


Recueil : I parution en 1668.
Livre : III
Fable : XVII composée de 21 vers.

La Fontaine
001  
002  

003  
004  
005  
006  
007  
008  
009  
010  
011  
012  
013  
014  
015  
016  
017  
018  
019  
020  
021  
Damoiselle Belette, au corps long et flouet,
Entra dans un Grenier par un trou fort étroit :

Elle sortait de maladie.
Là, vivant à discrétion,
La galante fit chère lie,
Mangea, rongea : Dieu sait la vie,
Et le lard qui périt en cette occasion !
La voilà, pour conclusion,
Grasse, mafflue et rebondie.
Au bout de la semaine, ayant dîné son soû,
Elle entend quelque bruit, veut sortir par le trou,
Ne peut plus repasser, et croit s'être méprise
Après avoir fait quelques tours,
"C'est, dit-elle, l'endroit : me voilà bien surprise ;
J'ai passé par ici depuis cinq ou six jours. "
Un Rat, qui la voyait en peine,
Lui dit : "Vous aviez lors la panse un peu moins pleine.
Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir.
Ce que je vous dis là, l'on le dit à bien d'autres ;
Mais ne confondons point, par trop approfondir,
Leurs affaires avec les vôtres. "
Haut de page

Source Esope, Le renard affamé.
Images

541x264
Belette entrée dans un grenier (La)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)
EsopeBelette et du Renard. (De la)


474x342
FableUn Renard pressé de la faim, entra un jour dans une Grange par une ouverture fort étroite. Après avoir mangé tout son soûl, il voulut sortir par la même ouverture ; mais tous ses efforts furent inutiles, parce que la grosseur de son ventre l'en empêchait. La Belette qui l'aperçut de loin, et qui connut son embarras, accourut pour lui donner conseil, et pour le secourir. Après avoir examiné l'état où il se trouvait, elle lui dit qu'il devait attendre, pour sortir de la grange, qu'il fût aussi décharné et aussi maigre qu'il était avant que d'y entrer.

SensTu en verras plusieurs qui en leur moyenneté étoyent ioyeux, gays, déchargez de tout ennuy, et delivrés de toute facherie, et maintenant quand ilz sont devenuz riches, tu les verras chagrins, pleins de soucy, ne se resiouir iamais, tous envelopez de la facherie en leur esprit.