Berger et la Mer (Le)


Recueil : I parution en 1668.
Livre : IV
Fable : II composée de 31 vers.

La Fontaine
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Du rapport d'un troupeau, dont il vivait sans soins,
Se contenta longtemps un voisin d'Amphitrite :
Si sa fortune était petite,
Elle était sûre tout au moins.
A la fin, les trésors déchargés sur la plage
Le tentèrent si bien qu'il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau.
Cet argent périt par naufrage.
Son maître fut réduit à garder les Brebis,
Non plus Berger en chef comme il était jadis,
Quand ses propres Moutons paissaient sur le rivage :
Celui qui s'était vu Coridon ou Tircis
Fut Pierrot, et rien davantage.
Au bout de quelque temps il fit quelques profits,
Racheta des bêtes à laine ;
Et comme un jour les vents, retenant leur haleine,
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux :
"Vous voulez de l'argent, ô Mesdames les Eaux,
Dit-il ; adressez-vous, je vous prie, à quelque autre :
Ma foi! vous n'aurez pas le nôtre. "

Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la vérité
Pour montrer, par expérience,
Qu'un sou, quand il est assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance ;
Qu'il se faut contenter de sa condition ;
Qu'aux conseils de la Mer et de l'Ambition
Nous devons fermer les oreilles.
Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
La Mer promet monts et merveilles ;
Fiez-vous-y, les vents et les voleurs viendront.
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Source Esope, Le berger et la mer.

Remarque :
Un berger faisait paître son troupeau au bord de la mer et, comme il la voyait calme et douce, l'envie lui vint de s'embarquer. Il vendit ses brebis, acheta des dattes et, après avoir fait son chargement, il mit à la voile. Mais à la suite d'une violente tempête, le navire sombra et, toute la cargaison ayant été perdue, lui même, à grand peine, gagna le rivage. Quelque temps après, le calme étant revenu, il vit un passant qui vantait la tranquillité de la mer.
- Eh bien , l'ami, lui dit-il, elle te demande des dattes.

Souvent il arrive que les malheurs servent au sage d'enseignement (Esope).
Images

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Berger et la Mer (Le)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)

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Berger et la Mer (Le)


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Berger et la Mer (Le)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)
EsopeMarchand et de la Mer. (Du)


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FableUn Marchand chargea un vaisseau de marchandise, et partit pour les Indes. Lorsqu'il mit à la voile, le vent était favorable et la Mer tranquille : mais à peine eut-il perdu le port de vue, que le vent changea tout-à-coup ; la Mer éleva ses vagues, poussa le navire sur un banc de sable et l'y fit échouer. Le Marchand vit périr toutes ses marchandises, et ne se sauva qu'avec peine sur quelques débris du vaisseau. Quelques jours après, comme il se promenait sur le rivage où il avait abordé, il vit la Mer calme, et qui semblait lui dire de se rembarquer de nouveau. " Perfide Mer, s'écria-t-il, c'est en vain que par une feinte tranquillité tu cherches à m'attirer. S'y fie qui voudra ; quant à moi, je n'ai point encore oublié de quelle manière tu m'as traité ces jours passés, je ne suis pas d'humeur à me fier une seconde fois à qui vient de me donner des preuves de son infidélité. "

SensFable non commentée.