Homme et l'Idole de bois (L')


Recueil : I parution en 1668.
Livre : IV
Fable : VIII composée de 24 vers.

La Fontaine
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Certain Païen chez lui gardait un Dieu de bois,
De ces Dieux qui sont sourds, bien qu'ayants des oreilles.
Le païen cependant s'en promettait merveilles.
Il lui coûtait autant que trois.
Ce n'étaient que voeux et qu'offrandes,
Sacrifices de boeufs couronnés de guirlandes.
Jamais Idole, quel qu'il fût,
N'avait eu cuisine si grasse,
Sans que pour tout ce culte à son hôte il échût
Succession, trésor, gain au jeu, nulle grâce.
Bien plus, si pour un sou d'orage en quelque endroit
S'amassait d'une ou d'autre sorte,
L'homme en avait sa part, et sa bourse en souffrait.
La pitance du Dieu n'en était pas moins forte.
A la fin, se fâchant de n'en obtenir rien,
Il vous prend un levier, met en pièces l'Idole,
Le trouve rempli d'or : Quand je t'ai fait du bien,
M'as-tu valu, dit-il, seulement une obole ?
Va, sors de mon logis : cherche d'autres autels.
Tu ressembles aux naturels
Malheureux, grossiers et stupides :
On n'en peut rien tirer qu'avecque le bâton.
Plus je te remplissais, plus mes mains étaient vides :
J'ai bien fait de changer de ton.
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Source Source inconnue.
Images

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Homme et l'Idole de bois (L')
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)
EsopeHomme et d'une Idole. (De l')


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FableUn Paysan avait dans sa maison une Idole à qui il rendait chaque jour de grands honneurs, et lui adressait des prières très ferventes. Il faisait des voeux pour prier ce Dieu domestique de lui donner des richesses et toutes les commodités de la vie ; mais le Dieu faisait la sourde oreille, et le Paysan devenait plus pauvre tous les jours . Enfin irrité contre cette idole, il la renversa, lui donna plusieurs coups, et la mit en poudre. L'Idole était creuse, il en sortit une grande quantité de pièces d'or et d'argent. Alors le Paysan s'adressant à la Statue : " En vérité, lui dit-il, tu es un Dieu bien avare et bien malin ; tu n'as pas fait semblant de m'écouter, et tu ne m'as fait aucun bien tandis que je t'ai rendu tous les honneurs dont j 'ai pu m'aviser ; et tu m'en fais maintenant que je t'ai mis en pièces, mais c'est par force et malgré toi. "

SensS'il advient que le meschant proufite, il proufite plus par force qu'autrement.