Montagne qui accouche (La)


Recueil : I parution en 1668.
Livre : V
Fable : X composée de 14 vers.

La Fontaine
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Une Montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun au bruit accourant
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une Cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d'une Souris.

Quand je songe à cette Fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un Auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre.
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent.
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Source Phèdre, La montagne en mal d'enfant, IV, 22.
Images

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Montagne qui accouche (La)
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)
EsopeAccouchement d'une Montagne. (De l')


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FableIl courut autrefois un bruit, qu'une Montagne devait enfanter. En effet elle poussait des cris épouvantables, qui semblaient menacer le monde de quelque grand prodige. Tout le Peuple étonné de ce bruit, se rendit en foule au pied de la Montagne, pour voir à quoi aboutirait tout ce fracas. On se préparait déjà à voir sortir un Monstre horrible des entrailles de la Montagne ; mais après avoir longtemps attendu avec une grande impatience, on vit enfin sortir un Rat de son sein. Ce spectacle excita la risée de tous les assistants.

SensLes glorieux outrecuidez combien qu'ils promettent devant tous et se vantent grande chose, à grand peine toute-fois en font ils une bien petite. Parquoy ces glorieux Trasons servent de risee et brocard item, cette fable defend les vaines craintes. Car bien souvent la crainte du peril est plus facheuse que le peril mesme : Et qui plus est, c'est une chose digne de moquerie ce que nous craignons.