Ane et le Chien (L')


Recueil : II parution en 1678.
Livre : VIII
Fable : XVII composée de 38 vers.

La Fontaine
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Il se faut entr'aider, c'est la loi de nature :
L'Ane un jour pourtant s'en moqua :
Et ne sais comme il y manqua ;
Car il est bonne créature.
Il allait par pays accompagné du Chien,
Gravement, sans songer à rien,
Tous deux suivis d'un commun maître.
Ce maître s'endormit : l'Ane se mit à paître :
Il était alors dans un pré,
Dont l'herbe était fort à son gré.
Point de chardons pourtant ; il s'en passa pour l'heure :
Il ne faut pas toujours être si délicat ;
Et faute de servir ce plat
Rarement un festin demeure.
Notre Baudet s'en sut enfin
Passer pour cette fois. Le Chien mourant de faim
Lui dit : Cher compagnon, baisse-toi, je te prie ;
Je prendrai mon dîné dans le panier au pain.
Point de réponse, mot ; le Roussin d'Arcadie
Craignit qu'en perdant un moment,
Il ne perdît un coup de dent.
Il fit longtemps la sourde oreille :
Enfin il répondit : Ami, je te conseille
D'attendre que ton maître ait fini son sommeil ;

Car il te donnera sans faute à son réveil,
Ta portion accoutumée.
Il ne saurait tarder beaucoup.
Sur ces entrefaites un Loup
Sort du bois, et s'en vient ; autre bête affamée.
L'Ane appelle aussitôt le Chien à son secours.
Le Chien ne bouge, et dit : Ami, je te conseille
De fuir, en attendant que ton maître s'éveille ;
Il ne saurait tarder ; détale vite, et cours.
Que si ce Loup t'atteint, casse-lui la mâchoire.
On t'a ferré de neuf ; et si tu me veux croire,
Tu l'étendras tout plat. Pendant ce beau discours
Seigneur Loup étrangla le Baudet sans remède.
Je conclus qu'il faut qu'on s'entr'aide.
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Source Abstémius, Du Chien qui ne vint pas en aide à l'Ane contre le Loup parce que l'Ane ne lui avait pas donné de pain, 109.

Remarque :
Un dogue assez fort pour vaincre non seulement des loups mais encore des ours avait fait une longue route avec un âne qui portait un sac plein de pain. Chemin faisant, l'appétit vint. L'âne, trouvant un pré, remplit abondamment son ventre d'herbes verdoyantes. Le chien de son côté pria l'âne de lui donner un peu de pain pour ne pas mourir de faim. Mais l'autre, bien loin de lui donner du pain, le tournait en dérision et lui conseillait de brouter l'herbe avec lui. Là-dessus, l'âne voyant un loup approcher, demanda au chien de venir à son aide. Il répondit :
- Tu m'as conseillé de paître pour apaiser ma faim, moi à mon tour je te conseille de te défendre contre le loup avec les fers de tes sabots. Disant ces mots, il partit, abandonnant en plein combat son ingrat compagnon condamné à servir bientôt de pâture à son ravisseur.

Cette fable montre que celui qui ne fournit pas son aide à celui qui lui réclame est d’habitude abandonné à son tour en cas de nécessité.
Images

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Ane et le Chien (L')
Gustave Doré
Illustrateur français (1832-1883)
EsopeChien qui ne vint pas en aide à l'Ane contre le Loup parce que l'Ane ne lui avait pas donné de pain. (Du)


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FableUn Dogue assez fort pour vaincre non seulement des Loups mais encore des Ours avait fait une longue route avec un Âne qui portait un sac plein de pain. Chemin faisant, l'appétit vint. L'Âne, trouvant un pré, remplit abondamment son ventre d'herbes verdoyantes. Le Chien de son côté priait l'Âne de lui donner un peu de pain pour ne pas mourir de faim. Mais l'autre, bien loin de lui donner du pain, le tournait en dérision et lui conseillait de brouter l'herbe avec lui. Là-dessus, l'Âne voyant un Loup approcher, demanda au Chien de venir à son aide. Il répondit : " Tu m'as conseillé de paître pour apaiser ma faim, moi à mon tour je te conseille de te défendre contre le Loup avec les fers de tes sabots. " En disant ces mots, il partit, abandonnant en plein combat son ingrat compagnon condamné à servir bientôt de pâture à son ravisseur. Cette fable montre que celui qui ne fournit pas son aide à ceux qui la réclament est d'habitude abandonné à son tour en cas de nécessité.

SensFable non commentée.