Araignée et l'Hirondelle (L')
Recueil : | II parution en 1678. | |
Livre : | X | |
Fable : | VI composée de 29 vers. |
La Fontaine
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Ô Jupiter, qui sus de ton cerveau, Par un secret d'accouchement nouveau, Tirer Pallas, jadis mon ennemie [1], Entends ma plainte une fois en ta vie. Progné me vient enlever les morceaux ; Caracolant, frisant l'air et les eaux, Elle me prend mes mouches à ma porte : Miennes je puis les dire ; et mon réseau En serait plein sans ce maudit oiseau : Je l'ai tissu de matière assez forte. Ainsi, d'un discours insolent, Se plaignait l'Araignée autrefois tapissière, Et qui, lors étant filandière, Prétendait enlacer tout insecte volant. La soeur de Philomèle, attentive à sa proie, Malgré le bestion happait mouches dans l'air, Pour ses petits, pour elle, impitoyable joie [2], Que ses enfants gloutons, d'un bec toujours ouvert, D'un ton demi-formé, bégayante couvée, Demandaient par des cris encore mal entendus. La pauvre Aragne n'ayant plus Que la tête et les pieds, artisans superflus, Se vit elle-même enlevée. L'Hirondelle, en passant, emporta toile, et tout, Et l'animal pendant au bout. Jupin pour chaque état mit deux tables au monde. L'adroit, le vigilant, et le fort sont assis A la première ; et les petits Mangent leur reste à la seconde |
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Source
Abstémius, 4, De l'Araignée et de l'Hirondelle.
Remarque :
L'araignée, exaspérée contre l'hirondelle qui lui prenait les mouches dont elle fait sa nourriture, avait, pour la prendre, accroché ses filets dans l'ouverture d'une porte où l'oiseau avait l'habitude de voler. Mais l'araignée survenant emporta dans les airs la toile avec la fileuse. Alors l'araignée pendue en l'air et voyant qu'elle allait périr :
- Que mon châtiment est mérité, dit-elle. Moi qui, à grand effort, ai peine à prendre de tout petits insectes, j'ai cru que je pourrais me saisir de si grands oiseaux !
Cette fable nous avertit de ne rien entreprendre qui soit au-dessus de nos forces.
Remarque :
L'araignée, exaspérée contre l'hirondelle qui lui prenait les mouches dont elle fait sa nourriture, avait, pour la prendre, accroché ses filets dans l'ouverture d'une porte où l'oiseau avait l'habitude de voler. Mais l'araignée survenant emporta dans les airs la toile avec la fileuse. Alors l'araignée pendue en l'air et voyant qu'elle allait périr :
- Que mon châtiment est mérité, dit-elle. Moi qui, à grand effort, ai peine à prendre de tout petits insectes, j'ai cru que je pourrais me saisir de si grands oiseaux !
Cette fable nous avertit de ne rien entreprendre qui soit au-dessus de nos forces.