Le héron.


© Pseudo : latunisiennedu06 - LYCEE GENERAL ET TECHNOLOGIQUE THIERRY MAULNIER - 06200


Incipit de la fable :

- v 1 on voit que le conteur éprouve de l'ignorance et de l'incertitude par rapport au héron "je ne sais où". C'est un écho au climat d'indécision des contes (il était une fois). Ironie du conteur un peu dédaigneux vis-à-vis du héron dont la fable va conter l'importance chimérique. Décalage et distorsion ironiques entre l'importance que s'attribue le héron et le peu d'importance que leur confère le fabuliste.*

Les traits physiques du héron évoquent un caractère, un comportement : silhouette interminable, répétition de "long", des voyelles nasalisées ("Héron", "long", "l'onde", "emmanché", "transparente"). La Fontaine affine sa silhouette dégingandée jusqu'à la caricature. Sa démarche nonchalante, hésitante, sa hauteur (il voit tout de très haut) excessive, correspondent à son goût difficile, à son dédain.

1ère scène : Dédain du héron envers la première proie (la carpe et le brochet v 5 et 6). C'est la meilleure proie (on l'apprendra rétrospectivement) de toutes celles que l'oiseau va rejeter et qui auront de moins en moins de qualités. Décor idyllique (v 4), accessibilité du poisson, facilité avec laquelle ces proies nombreuses (v 8 "tous") s'offrent au héron ("aisément"v 7, "n'avait qu'à prendre" v 8, "l'onde était transparente" v 4). Le héron prend son temps. La carpe et le brochet ne l'intéressent pas ou plutôt, il manque d'appétit, c'est ce que nous fait découvrir l'enjambement du v 10

2ème scène : Contrairement à l'absence de désir v 10 dans la première scène, le héron manifeste de l'appétit v 12 Mais les proies sont refusées v15 par une réaction d'indignation exprimée au discours direct v 18, 19

3ème scène (v 20 à 22) : Le refus du goujon v 21 se fonde, une fois de plus, sur l'image surévaluée que le héron a de lui-même, sur l'excès d'amour propre qu'il projette dans son discours des 2 et 3ème scènes.

4ème scène (v23 à 26) : renversement de situationLe sujet désirant (le héron) va devenir, à travers le vocabulaire, la proie de son propre désir. Alors que "l'oiseau n'avait qu'à prendre" v 8, il est maintenant l'objet, la proie de son désir : la faim : "la faim le prit"v 25. Le héron maintenant soumis à la faim va devoir renoncer à l'image qu'il se faisait de lui, image chimérique, fausse, narcissique. Le héron regarde maintenant autre chose que lui-même après s'être longuement complu de son image. Mais les objets du désir, naguère nombreux, sont désormais absents v 24.

Le héron assiste à un renversement : il était sujet, il devient un objet de la faim. La chute de la fable se réalise sur le choix auquel est contraint le héron. Dénouement en forme de paradoxe puisqu'il est "tout heureux et tout aise"v 25 de rencontrer un objet qui est l'exact contraire de son exigence chimérique de naguère : un limaçon (rime avec héron) : mollusque chétif, terreux, visqueux et différent des beaux poissons d'eau claire, de belle taille.

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