La conception des recueils.
La Fontaine, trouve la majorité de ses sources dans les écrits secs et brefs d'Esope et dans ceux plus élaborés de Phèdre. «Mon imitation n'est pas un esclavage» précise-t'il et dès les premières fables, il va créer un genre nouveau qu'il ne cessera d'améliorer au cours des trente années (1663-1693) de parution de ses fables. Ainsi, en choisissant d'utiliser la moquerie et la satire pour dénoncer nos vices, le lecteur découvrira au travers d'au moins deux tiers des fables, des effets et des situations comiques.
La Préface, l'Épître à Monseigneur le Dauphin et la Dédicace à Monseigneur le Dauphin, donnent le ton et indiquent l'idée principale : Il faut d'abord instruire par la morale en imitant Esope : «Je me sers d'animaux pour instruire les hommes» (Épître l.6).
Fables | Vers | Divers | |
Livre I | 22 |
623 |
+
1 dédicace en 16 vers |
Livre II | 20 |
681 |
|
Livre III | 18 |
574 |
|
Livre IV | 22 |
842 |
|
Livre V | 21 |
522 |
|
Livre VI | 21 |
596 |
+
1 épilogue
de 16 vers |
Il transforme la fable en une immense pièce de théâtre
où les acteurs sont entres autres les animaux et les plantes.
Il leur fait raconter ce qui se passe à cette époque,
et dénonce nos vices principaux, la méchanceté
et la sotise, au travers de satires faites pour amuser et moraliser.
Ainsi, la première conception est celle d'un conte pour les enfants, destiné à leur enseigner la morale de manière amusante.
Le second recueil (1678-1679).Il s'agit d'une conception bien différente du premier recueil, tel que nous le révéle en introduction l'Avertissement. L'évolution se fait en passant du conte pour enfants au journal intime pour adultes. La nouveauté est partout, dans l'art, les sujets et dans la manière de décrire les murs humaines en empruntant l'apparence animale. Les sources ne sont plus seulement d'Esope ou Phèdre, mais aussi Piplay, sage indien, les fabliaux des conteurs du moyen âge.
Fables | Vers | Divers | |
Livre VII |
18 |
843 |
+ dédicace
à Mme de Montespan en 41 vers |
Livre VIII |
27 |
1227 |
|
Livre IX |
19 |
750 |
+ discours
à Mme de La Sablière en 178 vers et la fable Les deux Rats, le Renard et l'Oeuf en 59 vers. |
Livre X | 15 |
703 |
|
Livre XI | 9 |
500 |
+
épilogue
de 23 vers |
Une dizaine d'années après le recueil précédent,
ce tableau nous montre que le nombre de vers par livre augmente.
La longueur moyenne des fables est passée de trente vers
à quarante-six (soit 50% de plus).
En regardant non plus l'aspect quantitatif de la production de La Fontaine, mais la qualité des fables, nous nous rendons compte qu'elles se sont transformées. Elles deviennent le journal intimes de l'auteur. Il y aborde tous les sujets philosophiques, sociaux, politiques de même que sa vie personnelle par des confidences sur ses amours. Ces fables ne s'adressent assurément plus aux enfants, mais à des lecteurs avertis.
Le livre XII.Le couronnement de l'ensemble. Si la conception n'est pas nouvelle, ce livre offre des fables plus belles, d'une inspiration plus noble, qui touchent parfois, comme la dernière Le Juge arbitre, l'Hospitalier, et le Solitaire, à la symphonie poétique.
Fables | Vers | Divers | |
Livre XII | 24 | 2453 | + dédicace
à Monseigneur le Duc de Bourgogne (Le Chat et la Souris). |