Les fables est la critique.


Les Fables de La Fontaine ont eu, en leur temps, un vif succès. Avant-gardistes, elles ne se plient à aucune des règles de la poétique classique. Bousculant les habitudes littéraires et la doctrine de l'époque, La Fontaine impose un style qui n'est pas loin d'être condamné par ces pairs. Fort heureusement, la grande majorité des lecteurs est enchantée par ses écrits et se soucie peu de savoir si les règles sont respectées ou non. Comme Molière le leur conseille, ils se laissent « aller de bonne foi aux choses qui les prennent par les entrailles ». C'est dire qu'ils jugent de la beauté d'une œuvre non selon les règles, mais avec leur goût. Et c'est aux exigences les plus fines de ce goût que répond La Fontaine.

Le siècle suivant prisera aussi les Fables, mais comme des productions d'un genre mineur. Elles commencent d'ailleurs à être récitées dans les classes; et les régents, au lieu d'en faire goûter la variété, en faussent le caractère en prétendant y retrouver une docile application des préceptes classiques.

 Les Admirateurs.  Les Détracteurs.

A son époque, Mme de Sévigné, Bayle, Furetière, La Bruyère ne tarissent pas d'éloges pour les Fables.

Au XVIIIe siècle, Vauvenargues, Voltaire, Marmontel vantent sa grâce et génie, quant à Goethe, il en souligne les valeurs poétique et psychologique. Chamfort dans son Éloge de La Fontaine (1774). Il admire dans le style des Fables « l'harmonie des couleurs les plus opposées ».

Au XIXe siècle, Stendhal déclare son « amour » pour le fabuliste. Chateaubrian écrira: « A Château-Thierry j'ai retrouvé mon dieu, La Fontaine. ». Il cite de mémoire ses vers les moins connus. La Mennais le nomme le « fleur des Gaules », Balzac parle de sa « divine fable », George Sand de « ses adorables fables », Musset de cette « Fleur de sagesse et de gaîté ».

Hugo admire en connaisseur la versification des Fables et le voit comme vivant de « la vie contemplative et visionnaire », s'absorbant dans la Nature, comprenant la langue des animaux, entrant « en communication avec la Nature » et inspiré par Dieu.

Au XXe siècle, Anatole France admire les « trésors » de sa langue.

Paul Valéry « le comble de l'art », Gide ce « miracle de culture » et Giraudoux parlent de lui avec une tendre délicatesse.

Voltaire l'accuse d'avoir « déformé la langue », Rousseau de déformer la jeunesse par sa morale dangereuse. Cependant, personne en son temps n'a mieux saisi que lui la poésie de la Fontaine.

Napoléon 1er condamne ces écrits, pour les mêmes raisons que Rousseau.

Lamartine, dans la préface qu'il ajoute en 1849 à ses premières Méditations, charge La Fontaine d'innombrables péchés. Il déclare détester en lui à la fois l'homme et le poète; mais il est manifeste qu'il les ignore tous les deux. Il lui reproche sa « philosophie dure, froide et égoïste». La Fontaine et Lamartine incarnent deux idées de la poésie opposées l'une à l'autre.

Rimbaut le déteste, Paul Eluard lui reproche d'avoir copié Esope, Phèdre, Horace.