Le choix de la Fable.

Le premier Privilège pris au nom du libraire Barbin en 1667, marque le début d'un quart de siècle où s'échelonneront les publications des fables. Cependant, tout le monde s'accorde à dire que la conception des premières fables remonte bien plus tôt, vers 1663. Le meunier, son fils et l'âne semble d'ailleurs être une des plus ancienne.

Ainsi, si l'on considère que l'idée des fables est née dès 1663, leur écriture se rattache aux avatars et aux conséquences de l'affaire Fouquet, son protecteur, et apparaissent comme l'œuvre d'un opposant aux frasques d'un régime politique totalitaire. En revanche, si l'on date la conception des premières fables vers 1667, soit après la prise du premier Privilège, on peut interpréter les écrits de La Fontaine comme un moyen plus qu'élégant pour paraître dans de bonnes grâces auprès du tout jeune Dauphin, en proposant des textes adaptés à son âge.

L'observation des différents environnements du Poète apportent certains éléments qui aident à mieux comprendre son choix.

 Environnement Culturel.  Environnement Politique.
Très tôt, La Fontaine est mis en contact des récits d'Esope, mêlés aux fabliaux du Moyen âge, aux contes de fées et au Roman de Renart.

Au collège, il a étudié Phèdre et Esope. Il est initié à la théorie des fables par les Jésuites, qui dans leurs principes éducatifs, poussent les étudiants à composer eux-même, discours, récits et développement de morale dans de diverses petites fables.

De plus, grand lecteur, il puise chez les conteurs et philosophes (Platon, Montaigne...) de nombreuses idées.

Il utilise ses Fables comme paravent qui lui permet alors de faire face à la censure. Il se présente d'ailleurs comme un simple traducteur d'Esope. En effet que pouvons-nous reprocher à un conteur grivois, superficiel et si amusant ?

Certains pensent que c'est la politique qui amène le poète à la fable, trouvant alors un moyen de défendre son protecteur Fouquet et d'attaquer Colbert ministre de Louis XIV, roi tyrannique qui ruine le royaume en des guerres absurdes.
 Environnement Humain.  Environnement Littéraire.

Provincial de naissance, il s'appuiera sur sa connaissance de la vie campagnarde, de la nature et des animaux qu'il respecte.

Amoureux insatiable, il préfère les amours passagères à celui de sa femme dont il fini par se séparer. Il est entouré par de nombreux amis aux tempéraments très différents du sien, plutôt inquiet. Ils lui donnent des idées sur une multitude de thèmes.

Plus tard, il cherchera la sagesse, libéral, mélancolique, voir pessimiste, il juge avec sévérité les hommes de son temps, dénonce et critique les abus de la royauté.

La Fontaine est un opportuniste, il cherche la reconnaissance dans ce qui plaît : « On ne considère en France que ce qui plaît; c'est la grande règle, et pour ainsi dire la seule » .
De plus, il profite de la mode des Fables pour publier ces propres recueils aux moments favorables.

Il est aussi ambitieux et veut élever la fable au rang de genre littéraire qu'elle n'a pas. C'est pour l'heure un simple moyen de développer sa mémoire et d'inculquer la morale aux élèves.

Son goût le porte vers la fable, qui lui permet de mettre en pratique ces qualités artistiques.