Les deux Amis.
- Voir la fable (VIII,11)
- Source : Pilpay, De deux Amis (Livre des lumières pp.224-226).
Le Résumé
Deux amis vivent au Monomotapa. Une nuit, l'un d'eux se précipite
dans la chambre de l'autre qui, inquiet, se réveille et lui propose
aussitôt pour le satisfaire son épée, sa bourse et son
esclave. Le premier des amis explique à l'autre qu'il a rêvé
de lui et l'a vu un peu triste. La Fontaine prend alors à témoin
le lecteur des vertus de l'amitié.
Introduction
Cette fable est issue de second recueil des Fables, lequel recueil contient
des sujets plus variés et des fables plus complexes et des critiques
plus « élaborées ».
Cette fable est construite selon la manière "classique"
chez La Fontaine avec des octosyllabes et des alexandrins.
Une amitié véritable et réciproque
Les adjectifs "vrai" et "véritable" soulignent
l'amitié véritable qui lie les deux amis.
Récurrence du substantif "ami" et isotopie lexicale de l'amitié.
Les deux amis sont délicats et font preuve d'un certain empressement
: le premier est ému et inquiet, le second va au devant des problèmes
de son ami —> entraide mutuelle dans tous les domaines : argent,
querelle et amour.
À partir du vers 28, La Fontaine précise la morale de la fable,
qui est plutôt une définition du véritable ami.
La Fontaine suggère l'empressement par un rythme accéléré
dans le dialogue : phrases courtes, coupe des vers, notamment des vers 10
à 18.
À relever la question posée sour forme d'énigme par
La Fontaine (vers 24) : les deux amis s'aiment autant l'un que l'autre et
l'on ne peut répondre à la question. La démonstration
est une réussite : il s'agit de "deux vrais amis" (vers
1) : l'amitié est parfaitement réciproque.
Une amitié utopique
Cette amitié paraît quand même utopique. Notez le lieu
légendaire évoqué dès le début de la fable
: le "Monomotapa", royaume d'Afrique autrale, relève, pour
l'auteur, de la recherche d'un exotisme certain, situant la scène
en dehors de l'Europe.
Relevez aussi l'absence d'identité des deux personnages : ils sont
nommés par le substitut "ami".
L'hyperbole souligne l'exagération de l'un des deux amis : il y a
disproportion entre la cause et la réaction : "vous m'êtes
en dormant un peu triste apparu... je suis vite accouru"—>
accélération du rythme aux vers 7-8, 10-15 : rejets et enjambements.
Une certaine ironie est perceptible : le milieu social des personnages fait
référence à la noblesse (champ lexical) —>
une telle amitié ne peut exister et encore moins chez des nobles (cf.
vers 3 et 4).
L'emploi de l'imparfait souligne le fait que l'action est complètement
révolue.
Pour conclure...
Cette fable, au rythme vif, est une véritable scène de théâtre
: notez l'évocation très rapide du décor, les protagonistes
sont présentés très rapidement.
La Fontaine a choisi, dans cette fable, le thème de l'amitié
car il pensait que ce sentiment manquait aux courtisans et aux nobles du
XVIIème siècle.
